Daniel Shabetaï MILO est né à Tel Aviv en 1953, de parents qui n’ont aucun antécédent francophone, Joachim, le père, étant de Berlin et Bronislawa, la mère, de Pologne (à ceci près qu’avant d’arriver en Israël, la famille de celle-ci est passée par Paris en 1949, et que la jeune survivante de dix-sept ans est tombée amoureuse d’un petit français ; mais sans suite.)
Les Milo partent à Paris en 1963, le père étant nommé Conseiller économique auprès de l’ambassade d’Israël. C’est le coup de foudre de toute la tribu. Surtout du fils, qui découvre, avec la France, le joyau de la couronne : la langue française. Il le fait à travers Molière, Jules Verne et Hector Malot, certes, mais aussi en lisant L’Equipe. Tous les jours, de bout à bout, avec une émotion particulière le lundi, jour de la fameuse édition jaune. Il est resté fidèle à ce journal depuis, son oeuvre en porte de nombreuses traces et séquelles.
De retour au pays en 1965, le petit Rastignac lance au français : chère langue, je reviendrai.
Ce qu’il fait en 1982, le dégoût d’un Etat alors lancé dans l’invasion du Liban aidant. Or, et c’est là que le bât blesse, il doit vite se faire une raison : l’hébreu, sa langue maternelle sans être la langue de sa mère, et qu’il vénère pourtant et connaît par coeur, n’est pas sa vraie langue écrite. Adieu le rêve de se mesurer à L’Ecclésiaste et à Agnon. Depuis 1982 et jusqu’à preuve du contraire, c’est uniquement en français qu’il se sent bien dans sa plume. Le français et lui – d’aucuns diraient son français et lui – est une histoire d’amour.