L'utopie MONOMANIAQUE
Trois ne font, trois ne sont que ça: Dieu, il ne fait qu'être, le mort, il ne fait que ne pas être, le héros romanesque, il le paie de sa personne.
(S) Il ne faut pas généraliser
...ni schématiser, ni simplifier, ni caricaturer, ni être réducteur.
La généralisation est stigmatisée sur toutes les ondes, comme si elle était un choix, par tous elle est qualifiée de mauvaise habitude, comme si on pouvait tenir une heure sans elle.
(S) Une fois n'est pas coutume, (S) Pas de règle sans exception, (S) Ce n'est pas si simple, (S) Une hirondelle ne fait pas le printemps - tant de sagacité pour si peu d'effet.
Car nous généralisons, à bout portant et à distance. Le Boulanger n'est certes pas que boulanger, c'est en Boulanger qu'il est emmagasiné dans notre langage. New York n'est pas les U.S.A. ni Manhattan, N.Y., les touristes n'en ont cure. Et la plus grande histoire d'amour qui se termine dans l'infâmie est une histoire infâme.
L'appauvrissement, scandaleux, des phénomènes est un tic, il ne dépend pas de notre bon ou mal gré.
Nous réduisons toute chose à une dimension par pragmatisme: à vouloir rendre justice à la complexité du Boulanger, on négligerait l'Epicier.
Nous réduisons toute chose en connaissance de cause: le Boulanger a beau ne pas être si simple, il n'est pas si compliqué que ça non plus.
Nous réduisons toute chose, parce qu'ainsi fonctionne notre cerveau, ainsi, et pas autrement.
L'homme colle des étiquettes partout sur son passage, il a raison, et quand même, par acquis de conscience, il chercherait à respecter la richesse du réel, son cerveau passerait outre.
Le cerveau est une machine à trier, à tout instant il est braqué sur une figure, au détriment de tous les autres stimuli, refoulés vers les tréfonds du fond (ground).
L'élection de ce trait plutôt que d'autres ne relève qu'accessoirement de nos valeurs, croyances, moeurs.
Servira de figure la partie qui nous arrange, ainsi l'"être boulanger" du Boulanger, commode Gestalt pour ses clients, pour ses fournisseurs, pour lui-même, devant la glace il glisse à son double: "Bonjour, M. le Boulanger!".
Servira de figure la partie qui nous frappe, ainsi la Tour Eiffel, bonne Gestalt devant l'éternité.
Servira de figure la partie que le génie de l'artiste nous impose, nonobstant son caractère idiosyncrate, ainsi la madeleine de Proust, Gestalt recherchée et rarissime, Proust n'en est pas revenu, elle est devenue son emblème, pour beaucoup la madeleine est La Recherche.
L'induction cognitive
ou
Comment devient-on une bonne Gestalt?
Cela a beau offenser notre sens de la justice, le cerveau est foncièrement anti-démocratique, à tout instant il tient des élections à l'envers, y être statistiquement non représentatif est un atout décisif.
Plus a-typique est le stimulus, plus il a des chances de s'imposer comme figure.
De tous les lieux français, et quel qu'en soit le paramètre, vols à main armée, touristes japonais par mètre carré, deniers publics investis dans la pierre, Paris offre le plus grand écart par rapport à la moyenne nationale. Or c'est sa déviance, précisément, qui accouche de ces propositions, paradoxales en apparence:
"Paris et la province forment les deux pôles de la vie nationale française. Qui connaît Paris connaît le principal de la France." (Curtius, Essai sur la France).
Formalisé, cela donne le syllogisme suivant: "Paris, c'est le contraire de la France" => "Paris, c'est la France".
L'absurdité logique est une banalité psychologique. La partie représentera le tout d'autant plus efficacement qu'elle est extra-ordinaire (ER: Extra-ordinaire Représentatif), elle tiendra lieu (stands for) du tout, sous peu elle dira: le tout c'est moi. Tout ER est une SE (Synecdoque Exterminatrice) en puissance.
Hétéroclite par définition, un ensemble rédige sa carte de visite avec sa partie exportable, voir le Boulanger. Un ensemble se forgera une identité forte si les éléments qui le constituent parviennent à se fédérer autour de leur membre le plus spectaculaire - à condition d'en compter un dans ses rangs.
Car l'écrasante majorité des ensembles en sont dépourvus. Faute d'un membre au potentiel de ER, un ensemble aura une identité molle, aux contours flous. Qui peut dire où commence la Belgique et où se termine la Hollande, où on s'arrête où je s'amorce.
Les ensembles sans ER sont réduits à une dimension, ce n'est que justice, ils ne méritent pas mieux, voir le Boulanger.
Toute chose est en une dimension jusqu'à preuve du contraire.
Dans la réalité, s'entend. Dans la fiction, on est d'emblée mieux loti. Les personnages dits plats entament leur carrière à deux dimensions, les personnages dits ronds, à trois.
Un critère, contestable, décide de l'envergure des uns et des autres. Le personnage plat sert le récit, de lui nous est révélé le strict nécessaire pour l'action. Le personnage rond motive le récit, de lui tout, a priori, nous intéresse.
Critère contestable, car le personnage au sujet duquel le texte crache un morceau redondant devient ipso facto rond, donc principal. Fâcheuse tautologie - et si c'était ainsi que nous lisions les romans? et si c'était ainsi que nous lisions nos semblables?
"Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers", qui dit mieux?
Les sciences sociales modernes, elles ont fait de l'adage christique leur agenda de recherche: chassons les Grands Hommes, pour qu'enfin les petites gens retrouvent leur dignité d'êtres à trois dimensions.
Ambitieux programme, humaniste par-dessus le marché, Tom Stoppard l'exécute dans Rosencrantz & Guildenstern sont morts. Seconds couteaux dans Hamlet, Rosencrantz & Guildenstern sont propulsés sur le devant de la scène, alors que Hamlet, Ophélie, Gertrude, Claudius, Polonius, sont renvoyés à l'arrière-plan.
Mais Stoppard sait que la promotion d'un pauvre type au rang de héros national signifie rarement l'émergence de nouvelles archives. Historien intègre, il plie l'expérimentation à une règle draconienne: Pas de complément d'information(). Des deux néo-héros, nous ne saurons donc pas plus que ce qu'en raconte Shakespeare: rien. Ni nous, ni Rosencrantz & Guidenstern. Les malheureux se heurtent ainsi à leur propre table rase, jusqu'à ce que leur mort programmée les ramène à leur néant natal. Les projecteurs de l'histoire ne les auront pas sauvés de leur immanente platitude.
Morale de la fable: N'est pas beaucoup plus compliqué que cela qui veut. L'homme caricaturé cache un caractère plat.
Ce n'est ni le hasard, ni le piston qui ont fait de Napoléon une grande figure et de ses contemporains, des figurants. Chacun de ses généraux et soldats pris séparément était peut-être un brave type, mais nul n'avait les poumons pour tenir l'histoire en haleine vingt ans durant, a fortiori une tragédie classique en cinq actes.
Règle: Toute chose est en une dimension tant qu'elle ne mérite pas trois.
Deux standards romanesques:
"Je ne fais que ça" & "Je ne suis que ça"
Deux dimensions, ou trois? L'alternative, loin d'épuiser la gamme littéraire, en rate l'essentiel: le héros romanesque type est unidimensionnel.
Contrairement au Boulanger, l'unidimensionnalité du héros est ontologique et non cognitive, pathologique et non pragmatique. Elle n'est pas dans notre tête mais dans sa chair, elle n'est pas pour notre confort mais pour son malheur.
Le roman met en scène des personnages qui ne font que "ça": l'inspecteur Javert passe sa vie à chasser Jean Valjean, le capitaine Achab, à chasser Moby Dick, Hamlet, à hésiter.
Le roman met en scène des personnages qui ne sont que "ça": Timon est Misanthrope, Iago est le Mal, Michaël Kohlhaas est Justicier.
Quand une oeuvre met aux prises deux idées fixes, la jalousie d'Othello contre la hargne de Iago, par exemple, l'effet en est suffocant; et même trois, comme La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne. Les trois protagonistes de ce manuel de monomanie, le mari, la femme, l'amant, n'ont qu'une obsession, la lettre A cousue sur la poitrine de la femme, A pour Adultère, ils n'iront jamais jusqu'à B, B pour Bien-Etre.
Tout héros romanesque aspire à finir archétype: ainsi Oblomov qui ne fait que l'Oblomov, Tartuffe, le Tartuffe, Don Giovanni, le Don Juan.
L'histoire de la littérature est un musée de monomaniaques, un écrivain qui se respecte se doit d'y ajouter un spécimen au moins, les grands: Molière, Racine, Shakespeare, Balzac, Henry James, occupent une salle, voire toute une galérie.
Leurs personnages sont ridicules, valets, excentriques, princes, pathétiques, clowns, tragiques, qu'importe, pourvu qu'ils ne fassent, pourvu qu'ils ne soient que "ça".
Dans cette mobilisation générale, la littérature pour enfants joue un rôle stratégique. Esope, La Fontaine, Perrault, Grimm, HC Andersen, Emules & Epigones, nous initient aux personnages à idée fixe, à force de les fréquenter nous y croyons - (S) "Willing suspension of disbelief for the moment which constitutes poetic faith" -, nous y prenons goût.
De cette veine millénaire, la série Bonhomme de Roger Hargreaves est le dernier avatar, abouti jusqu'à la caricature. Chacun des trente-six livres qui constituent la série a pour héros tragi-comique un Monsieur qui ne fait, qui n'est que "ça": M. Avare, M. Inquiet, M. Silence, M. Chatouille, M. Endormi, M. Bavard, M. A l'Envers, M. Grand, M. Malchance, M. Costaud. Par souci d'équilibre, le féminisme est passé par là, Phèdre et Lady Macbeth trouvent leurs dignes héritières dans Mme Chipie, Mme Tête-En-l'Air, et autres comparses de la série "Les Dames".
L'induction romanesque
Ne faire que "ça", n'être que "ça" est la condition du héros de fiction, cela signifie que tout ce qui en lui relève de son être est mobilisé par ce "ça".
Etre: Ce qui en l'homme ne passe pas par son système autonome.
Harpagon ne pense qu'à sa cassette, le fait que son foie, ses ongles, les pores de sa peau poursuivent leur petit bonhomme de chemin ne compromet nullement son état obsessionnel.
Le Boulanger n'est que boulanger parce que cela nous arrange, le fait qu'il lui arrive aussi d'être de droite, Limousin, turfiste n'infirmerait en rien son unidimensionnalité fonctionnelle. Mais Don Giovanni fait le Don Juan parce qu'il ne peut faire autrement, le savoir père de famille hors scène le grillerait.
Et déjà l'imaginer père de famille. De même, un Argan suspecté de faire l'hypocondriaque pour amuser la galérie serait un Malade Imaginaire charlatan.
Il ne suffit donc pas de dire l'idée fixe (telling), encore faut-il la faire voir (showing). Pour mériter son titre de noblesse, l'unidimensionnel romanesque doit l'être en trois dimensions.
Les monomaniaques sont certifiés conformes par une démarche spécialement concoctée par la fiction, le sondage infaillible: à chaque forage jaillit du pétrole, à chaque prélèvement, une tumeur. On les prospecte en action, ils ne font que "ça", on scrute leurs fantasmes, ils ne rêvent que de "ça", on procède par contrôles inopinés, ils ne sont que "ça", toujours fidèles au poste, chez eux point de relâche, ils sont one track minded around the clock.
L'astuce, comme toujours, repose sur la synecdoque. Un moment de la vie du héros, prétendu n'importe lequel, tient lieu de cette vie dans sa totalité. En termes narratologiques, le showing sert de telling. "Je ne fais que ça ma vie durant, dit le monomaniaque, la preuve, je le fais maintenant": syllogisme spécieux il fait mouche.
L'alchimie logique de la fiction: le moment "piqué au hasard" est aléatoire donc représentatif, il est aussi typique et unique, il est blanc, somme de tous les moments, et noir, négation de tous les moments.
Les droits de cette ruse reviennent au théâtre classique. Du lever du soleil à son coucher, ses personnages déclinent, et leur normalité, et la crise qui s'en déduit, ils n'en sortiront pas indemnes, le microcosme de toute une vie est ce qui la brise.
Les livres de la série Bonhomme commencent par une scène qui sert à la fois d'exposition du caractère et de détonateur du récit:
"Monsieur Pressé ne marchait jamais. Il courait. Il courait par ici, il courait par là, et encore par là et puis par ici, il courait tout le temps. Et, bien entendu, il était tellement pressé qu'il ne finissait jamais ce qu'il avait commencé.
Un matin il se réveilla en sursaut. Il avait dormi trois heures. Pas une minute de plus. Il sauta de son lit en s'écriant: - Oh! la! la! je suis en retard.
Il s'engouffra dans la salle de bain, fit sa toilette (à moitié, car il était très pressé), se brossa une dent et descendit l'escalier quatre à quatre..." (Monsieur Pressé).
"C'était une charmante soirée d'été. Monsieur Grincheux était dans sa maison. Il l'avait appelée la Villa Ronchon. Il s'assit dans un fauteuil et prit un livre. Sais-tu ce qu'il fit ensuite? Il déchira toutes les pages! Toutes, sans exceptions! M. Grincheux ne supportait pas les livres..." (Monsieur Grincheux).
Object-Oriented (OO) & Verb-Oriented (VO)
"Bartlebooth décida un jour que sa vie tout entière serait organisée autour d'un projet unique dont la necessité arbitraire n'aurait d'autre fin qu'elle-même" (Georges Perec, La Vie mode d'emploi).
Les héros littéraires ont pris l'habitude, millénaire, de ne faire, de n'être que "ça". Longtemps, ils étaient abonnés aux sensations fortes et aux "ça" imposés: lâcheté, vengeance, luxure, ambition, pouvoir, argent. Mais depuis quelque temps, on assiste à un bouleversement dans les moeurs monomaniaques. Plus on avance dans le siècle, plus les "ça" sont tirés par les cheveux.
Dans La Bête dans la jungle, Henry James met en scène un homme qui refuse le monde au nom d'un Appel fantasmagorique; le héros de l'Autel des morts ne vit que pour et dans la mémoire de sa femme, qu'il a pourtant médiocrement aimée.
Bartlebooth, le protagoniste de La Vie mode d'emploi, ne trouve pas mieux que de passer dix ans à s'initier à l'art de l'aquarelle, vingt ans à peindre 500 marines découpées chacune en puzzle de 750 pièces, et vingt ans à les assemlbler puis les détruire. Dans La Disparition, Perec concurrence ses propres héros: car si écrire une lettre sans la lettre "e" est un jeu d'enfants, écrire un roman sans la lettre "e" est un je d'adultes.
Thomas Bernhard est le Plutarque des Monomaniaques, illustres et anonymes. Le narrateur de Béton se fait érmite pour préparer le texte définitif sur Mendelssohn-Bartholdy, celui de Oui a "tout sacrifié" à son traité sur les anticorps dans la nature, le héros de La Plâtrière "est prêt à tout commettre, tout sacrifier à son traité sur l'ouïe", Roithamer, héros de Corrections, est habité par la forme du cône.
De nos jours, pour entrer en monomanie, du dérisoire il faut faire une vocation. Plus absurde est l'idée fixe, plus elle est efficace. Efficace en quoi? A transférer le centre de gravité du "ça" à "ne faire que". De Object-Oriented (OO), la monomanie est devenue Verb-Oriented (VO).
Par ce renversement, le roman a mis en évidence l'affinité éléctive entre tous les monomaniaques de la terre littéraire, par-delà les âges. Harpagon n'est pas un monstre parce qu'il est avare, mais parce qu'il n'est que ça, Bartlebooth ne nous frappe pas parce qu'il assemble des puzzles, mais parce qu'il ne fait que ça. Leurs "ça" diffèrent, leur maladie est une et indivisible.
Entre monomaniaques s'instaure un fructueux dialogue de sourds:
"Tout, chez un être comme la patronne, n'est qu'affaires. L'intelligence, les sentiments, tout se rapporte aux affaires. Les affaires, en fin de compte, peu importe lesquelles, sont le seul ressort de son existence... D'un côté, je la trouvais répugnante, de l'autre, attirante. Son esprit de suite [VO], en tout cas, m'avais attiré chaque fois que j'étais entré en contact avec elle, oui, attiré, mais le but [OO] de son implacable esprit de suite me paraissait répugnant. A la fois attiré et rebuté par la patronne, en fait j'avais toujours eu plaisir de discuter avec elle" (T.B. Oui),
En allant au bout de la logique monomaniaque, le roman contemporain butte sur deux obstacles: Iago et Harpagon passent pour plus vraismblables que Roithamer et Bartlebooth, la haine et l'argent sont des passions plus intenses que le cône et le puzzle. Le risque est réel, le succès en librairie s'en ressent, pourtant c'est le roman contemporain qui est dans le vrai.
Par leur poursuite de passions de plus en plus farfelues, ses héros ramènent le "ça" à ce qu'il a toujours été: matière première pour cerveau affamé. Le "ça" neutralisé, "ne faire que" peut enfin tourner sur lui-même: "Glenn voulait devenir Glenn Gould quoi qu'il en coûtât" (Thomas Bernhard, Le Naufragé). Le monomaniaque sera consumé par le verbe sans objet.
Deux standards langagiers:
"Je ne fais que ça" & "Je ne suis que ça"
Nous vénérons chez les héros de fiction ce que dans le monde nous subissons comme une insulte.
Voire un viol: Comment osez-vous me réduire à un seul trait, moi qui suis tellement plus compliqué que cela?
Pourquoi l'unidimensionnalité est-elle péjorative? Au fait, "ne faire que ça", "n'être que ça" sont-ils toujours aussi mal vécus?
Loin s'en faut. La preuve, le commun des parleurs et le premier des poètes également les radotent, les variations sur ces deux thèmes sont lésions.
"Depuis que j'ai vu à la télé les enfants somaliens je ne pense qu'à eux" - être simplifié par autrui me blesse, être simplifié par moi-même me caresse.
"Tu m'habites jusqu'à mes rêves" - je tiens fermement à ma réduction faite maison.
"Ce travail me prend tout mon temps". Q: Et le reste du temps? Qu'on me simplifie, passe encore, mais qu'on mette en doute mon auto-simplification?!
Je ne laisserai à personne le droit de me réduire à une dimension, ce droit m'appartient: "Oui, j'aime Rubens. C'est fait, c'est dit. Je ne pense plus qu'à Rubens, il fallait que cela arrive. Je ne pense plus qu'à lui, à ce qui en parle, à ce qui lui ressemble, et tout ce qui ne m'y reconduit pas, de près ou de loin, m'ennuie" (Philippe Muray, La Gloire de Rubens).
Me proclamer l'homme qui n'est, qui ne fait que "ça" m'élève à mes yeux et aux yeux du monde à moitié dupe - il fait semblant de me croire je le lui rendrai promis juré, donnant donnant.
Le Grand Marché de la Tolérance et de la Complaisance est conclu par une poignée de main entre le faux martyr: "Si seulement je pouvais ne pas y penser", et le faux compatissant: "Le pauvre, il ne cesse d'y penser".
Quand une façon de parler carresse dans le sens du poil. Loin de l'auto-flagellation, ces formules enchaînées trahissent le délire des grandeurs.
Exagérer à en crever
(S) Il ne faut pas exagérer? - mais tout le monde exagère,
(P) Un cliché n'engage personne.
La monomanie est de l'exagération appliquée: "J'ai cultivé à tel point mon art de l'exagération que je puis me dire sans hésiter le plus grand artiste de l'exagération que je connaisse" (Thomas Bernhard, Extinctions).
Le monomaniaque exagère comme tout le monde - et prend l'exagération à la lettre.
"Tous les hommes me sont insupportables", qui ne l'a pas dit un jour:
(P) "Tout" est une façon de parler tout ne l'est pas -
le misanthrope se tire.
"La vie m'est insupportable", qui ne l'a pas dit un jour:
(P) "Je n'en peux plus" est la preuve du contraire -
le monomaniaque se tire.
Sur mille "très" dits, combien d'"assez" vécus? - exagérer est banal, agir en conséquence, monstrueux.
Nous cédons aux héros romanesques le droit à l'idée fixe, mais à condition qu'ils se cassent la gueule. Car ils finissent tous mal.
Nous admirons ces êtres bornés, par ressentiment nous voulons leur chute, dans la mort, dans la folie, dans la dérision.
Déchéance ultime, le monomaniaque qui sombre dans la complexité, ainsi l'Homme qui dort finit par n'être qu'un homme comme vous et moi.
Mal finir est le prix d'accès à l'obsession, seuls les monomaniaques pour enfants peuvent être sauvés sans perdre la face.
Les trente-six Bonshommes commencent comme il convient par ne faire, par n'être que "ça". Mais grâce à l'intervention musclée, voire sadique, de leurs dissemblables, M. Heureux menant le bal, ils mettent de l'eau dans leur vin, soit en attelant leurs obsessions au service de la cité, soit en devenant monomanes (monomaniaques soft).
Arbeit Macht Frei: M. Pressé court toujours, mais pour notre bien, il est facteur de courrier urgent, il prend même des vacances. M. Silence se tait toujours, mais pas pour rien, il est bibliothécaire, à la fin "Il a ri. Très fort. Etonnant, non?".
Nécessité fait loi: après avoir suivi un traitement de choc, M. Malpoli finit par dire "S'il vous plaît" et "Merci", M. Glouton, par moins manger.
Les bonshommes adoucissent leurs moeurs, mais ne les renient pas: "M. Grincheux essaya d'être de moins mauvaise humeur. Maintenant il est presque transformé. L'autre soir, il a pris un livre et qu'a-t-il fait, à ton avis? Il n'a arraché qu'une seule page". "Maintenant M. Avare est presque transformé. Il n'entasse plus son argent dans une caisse dans sa cuisine. Et même il est devenu assez généreux. La preuve: A Noël, il a offert à son frère... Deux morceaux de charbon!"
Tous les hommes sont libres de cultiver des idées fixes, à condition toutefois qu'elles soient socialement recyclables, ou strictement privées.
Ne faire, n'être que "ça" est la volonté de puissance
Que veut l'homme? Pour répondre, écoutons-le causer, dans les clichés il se laisse aller, en parlant il est parlé,
(P) La vérité pousse sur les bords des lieux communs et des sentiers battus,
on y découvre trois champs sémantiques en friche:
- La table rase: Jamais plus, Meurs l'univers, platitudes qui se revendiquent de l'art des terres brûlées, des ponts sautés, des vaisseaux incendiés, des routes et veines coupées.
- La fatalité: J'ai fait ce que j'avais à faire, Il le fallait, formules toutes faites qui célèbrent l'abdication du libre arbitre.
- La monomanie: Je ne fais que ça, Je ne suis que ça, et tutti quanti.
Que dit l'homme, de qui est-il le médium? Du cerveau.
La langue de bois a raison (I), elle reproduit, clichés pour clichés, notre système cognitif: la figure est réductrice, elle suspend le fond, elle s'impose en force majeure.
Etant parlé l'homme s'abandonne, les clichés n'engagent que moi.
La langue de bois a raison (II), elle balbutie nos désirs: d'être unidimensionnel, de se refaire une virginité, de ne point avoir le choix.
Vouloir: Ne pas pouvoir autrement. Que veut l'homme? vouloir, mais ne peut, Que fait l'homme? il veut bien,
(P) Appeler un chat un chat n'est pas humain.
Car nous pouvons autrement, car nous avons le choix, mais le possible aspire au nécessaire pour fuir l'accident, l'homme dit "Je veux" et continue son chemin.
(P) Tu n'invoqueras pas le nom du vouloir en vain!
il ne demande pas mieux, mais la langue a horreur du vide, l'homme dit "je veux" et quémande notre respect,
(P) On ne respecte pas une volonté, on l'éprouve ou on la subit.
Le vouloir est un miracle, pour le provoquer il faut faire le vide autour, ce miracle existe, au propre et au figuré.
Au propre: c'est en perdant son latin que l'homme a le droit de dire Je ne fais que "ça", et même Je ne suis que "ça". Mais l'orgasme est une occupation qui laisse pas mal de temps libre.
Et au figuré: qui n'a pas goûté de cette immortalité provisoire, dans la douleur - après avoir mangé un avocat, j'ai si mal à l'estomac, me dire Ca passera! est blasphème - ou dans la grâce - "Consigner par écrit le malheur suprême peut être le bonheur suprême" (TB). Mais la grâce est un contrat forfaitaire.
Que veut l'homme? Quelques instants de répit, par-ci par-là, de l'entropie qui est sa croix fixe.
Car nous sommes interchangeables, les autres nous sont égaux, ils nous rendent la monnaie de la pièce,
(P) L'homme seul est une redite, à deux, une litanie.
Le mal est irréversible. Cultiver sa complexité ou se simplifier à outrance, faire, et déjà être, contribue à accroître sa propre entropie et celle du monde.
La langue de bois a raison (III), elle dépiste notre mal incurable, et nous prescrit les seuls remèdes qui en interrompent la progression - for the moment:
(P) Suspendre: S'il n'y avait qu'un verbe.
"Nous pouvons exister dans l'intensité extrême aussi longtemps que nous sommes" (TB, Corrections). Le mystère de l'ipséité réside dans ce paradoxe: c'est réduit à un trait, coupé de ses racines, dépourvu du libre arbitre, que l'homme n'usurpe pas son droit au je.
De la couleur du présent
"Je ne fais que ça", formule triviale et mégalo, sur la palette du présent elle occupe les pôles stratégiques, elle est caméléonesque.
Elle va d'abord de soi, la langue de bois en témoigne: (S) On ne peut pas faire deux choses à la fois, (S) Quand on atteindra le pont on le traversera, (S) Je n'ai que deux mains (la mère juive à ses enfants), (S) Tuer un Turc et se reposer (dicton grec).
A un instant donné, le cerveau est concentré sur une figure, une seule. Si l'homme fait deux choses à la fois, serait-il Napoléon, une au moins relèverait du système autonome, et le plus souvent, les deux. Quant au système autonome, il est polyvalent.
Règle: Notre être est concentré sur une chose ou point.
"Je ne fais que ça" étant l'image arrêtée de notre système cognitif, il n'y a pas lieu de s'en vanter, pourtant en le disant on a si fière allure. Car si ne faire que "ça" un instant est banal, ne faire que "ça" tout le temps, et déjà une heure, est surhumain.
Tout n'est pas blanc ou noir - "tout" est blanc, "rien" est noir.
Présent blanc: "je ne fais que ça" prétend être la somme du passé, présent, futur (la madeleine proustienne).
Présent noir: "je ne fais que ça" prétend être le négatif de tous les temps (l'orgasme).
Présent noir & blanc: "je ne fais que ça", infime point sur le continuum du temps (showing), se proclame somme des temps (telling) - comme si la madeleine de Proust invoquait une enfance préparée exclusivement à base de madeleines...
Je ou On? Au moindre doute je dit on.
Je déclare ne faire que "ça", et quand il se prend en flagrant délit de faire autre chose que "ça", il plaide "système autonome", or ici point de doute, je dit ON (Ordinaire Non-représentatif), ON et je se renvoient la balle, après quelques échanges acrobatiques elle reste dans le camp de ON. Exit je.
Le zapping cognitif
Isoler et lier, lier et isoler, le cerveau ne fait pour ainsi dire que ça.
Le cerveau est un stakhanoviste de la connexion. A peine est-il braqué sur une figure, qu'il lui colle déjà une autre figure, et à défaut, un contexte.
Pour socialiser le stimulus solitaire, le cerveau a accouché d'une gamme extrêmement variée de procédés, allant de la contiguïté, la plèbe, à la causalité, l'aristocratie, elle passe par le collage, le puzzle, la hiérarchie, la ressemblance, l'homologie, la complémentarité. Face à un tel arsenal, la cause de la concentration est d'emblée compromise:
(P) Je ne peux faire deux choses à la fois ni une chose à la longue .
La faculté d'arrêter notre attention sur un stimulus, au détriment de tous les autres, est innée et vitale. La faculté de la switcher sur un autre stimulus, avec ou sans relâchement, est innée et vitale.
De la concentration dépend notre survie locale, du zapping, notre survie globale.
L'homme concentré comme l'homme déconcentré sont une façon de parler. Entre l'un et l'autre, la différence est d'abord quantitative, ledit "déconcentré" a le zapping facile, ledit "concentrée" prend son temps.
Les hommes se distinguent surtout par leurs "ça" respectifs. La plupart ne se concentrent que sur des objets imposés (ready made), quelques-uns, parfois, rarement, se concentrent sur des objets libres (home made).
Et le Japonais - Stéréotype en chair et en os? Il zappe peu, il se relâche peu, mais sa concentration porte sur des "ça" imposés. Il passe des heures devant la Mona Lisa, des nuits blanches devant sa conscience collective, des années beiges à rédiger la thèse d'Etat, il est semi-conducteur en tout, même en monomanie. Le Japonais, c'est nous.
Un homme se mesure par sa ténacité et par sa créativité unidimensionnelles. Gilbert Kaplan, millionnaire et illettré musical, se passionne pour la Deuxième Symphonie (Résurrection) de Mahler. Dix ans d'initiation à cette oeuvre plus tard, il la conduit et l'enregistre avec les meilleurs orchestres, son inculture musicale intacte. Et ses affaires prospèrent, (P) La monomanie est une activité à temps partiel.
- Jacob Cohen, fou: Je pense que le monde s'endort chaque fois pendant un mois et se réveille sans passé.
- Daniel S. Milo, malin: Et toi, Jacob, tu t'endors aussi un mois durant?
- Jacob Cohen, fou: Moi? mais je m'endors chaque nuit dans mon lit.
Même la folie n'est pas un full time job...
Moins accessible est la chose, plus il y a des mots pour la désigner. Ni Dieu, ni Maître, juste un moribond-né, l'homuncule se proclame possédé le jour et la nuit hanté, habité les jours pairs et vidé les jours sans, il est envahi, travaillé, tracassé, passionné, obsédé, seul l'étranger ne voit pas la nuance entre "se dédier", "se consacrer" et "s'adonner".
En me proclamant ne faire, n'être que "ça", je m'érige en Dieu, en mort, en héros de roman, le prix en moins,
(P) Une vie en promotion: Quand on paie de sa personne, nous avons une réduction.
Aspirer à ne faire, à n'être que "ça" est certes louable, un mortel ne le peut, c'est une question démographique.
Pour être égal à lui-même, Dieu est immortel, à sa façon, le mort l'est aussi.
La longévité du héros romanesque moyen, c'est-à-dire ses scènes du showing mises bout à bout, ne dépasse pas quelques heures; particulièrement brève est la vie du monomaniaque, dont le bail stipule de mal tourner et vite,
(P) Même un Kafka n'était Kafka que deux heures par jour, un Hamlet, deux heures tout court.
Iago passa sa vie - une heure de scène - à détruire Othello, Othello passa sa vie - une heure et demie - à croire Iago, la scène finale se passera entre mortels bi-dimensionnels, condamnés à vivoter,
(P) Vivoter: faire du sur-vivre
- deux fades Venitiens et nous.
Pour ne faire que "ça", la vie est trop longue ou pas assez, or
(P) Life Is Too One.
Je réduis l'autre pour poursuivre mon chemin, je me réduis pour l'arrêter net. Or la vie continue!
Chaque fois que je m'affiche en une dimension je me sais imposteur.
En réduisant l'autre je n'éprouve que de la culpabilité, en me réduisant j'éprouve de la honte.
Quoique inconsolable, ma veuve n'est jamais qu'en deuil, son malheur est ainsi doublé par l'humaine impossibilité de s'y adonner. Les vautours de la consolation versent du sel sur ses plaies: Sors un peu, aère-toi l'esprit, à force de ne penser qu'à "ça" tu deviendras folle.
Nous avons un complexe de simplicité
Je réduis l'autre à une dimension par confort, je me réduis à une dimension parce que c'est fort.
(S) Ce n'est pas si simple, (S) C'est plus compliqué que cela, (S) Ne sois pas réducteur, (S) Tu simplifies toujours -, la nature de ces fleurons de la sagesse des nations est enfin révélée, tous participent de l'auto-tact:
- ils habillent notre écoeurement devant l'inaccessible dimension unique en célébration de la pluridimensionnalité;
- ils déguisent notre honte de nous attribuer un état surhumain en respect de la richesse humaine;
- ils maquillent notre ressentiment envers ceux qui vont vers l'idée fixe en condescendance.
La complexité érigée en valeur est le lot de consolation de ceux qui désirent ne faire, n'être que "ça", mais ne peuvent. Nous.
Deux fois deux font quatre (III)
"., etc. Comme si ce mur pouvait me procurer un apaisement quelconque, comme si l'on pouvait se réconcilier avec l'impossible pour la seule raison qu'il est établi sur le " (Dostoïevski, Le Sous-sol).
Trois attitudes devant le mur: le négationniste, il dit "je veux", le relativiste, il dit "je veux bien", le mégalomaniaque, au moindre doute il dit ON.
Que faire?
"Dire Oui! à la vie!"
Les prophètes du Oui ont tous excellé dans le Non, ainsi Jésus, Bouddha, Nietzsche.
L'mputer à la faiblesse, au ressentiment, à la réactivité, est faux et flatteur, ce paradoxe découle de la nature du Oui et du Non.
L'homme qui ne dit que Oui dit Non en gros. L'homme qui dit Oui & Non dit Non dans le détail. Sur la palette du présent, Oui est noir, Non est touriste.
Il y a de la grandeur à balayer d'un trait tout ce qui n'est pas "ça". Mais pour cela il faut être taillé d'un bloc, ou vivre au forfait.
Dis Oui, et faute de mieux, Non.
Oui sécrète deux virus qui le condamnent à court terme: la connexion et la répétition; à vouloir éviter l'une, on tombe dans l'autre, ainsi la mantra.
La déconcentration naît d'une prescience exacte. A me concentrer sans relâche, j'épuiserais tout sujet en peu de temps, en premier lieu le mien:
(P) Pour se concentrer à fond il faut être pure surface,
il faut être Dieu, mort, ou héros de roman.
"Que votre langage soit, Oui, Oui, Non, Non, le reste vient du Mal", il prêche au convaincu, mais - au premier "mais" je suis mauvais.
"Cet eunuque, pour qui le fanatisme consiste à dire oui ou non sur n'importe quoi" (Bloy, Le Désespéré) - mais dire Oui! ou Non est le fanatisme, il n'y en a pas deux.
Dis Non, au nom d'un Oui spasmodique ou utopique.
Ne faire que "ça" étant surhumain, le monomaniaque passe sa vie à nettoyer la table de tout ce qui risque de le divertir de la jalousie, du traité sur l'ouïe, de l'Appel.
Il existe une alliance objective entre idée fixe et misanthropie. Le monomaniaque a la haine d'autrui en tant qu'obstacle, la boulimie d'autrui en tant qu'obstacle. L'autre l'empêche de poursuivre son "ça", sans l'autre, de son "ça" il aurait vite fait le tour. Soit Hamlet, qui fond en un archétype l'idée fixe, le Non, la misanthropie, le bavard sourd.
Que faire? Dans le non-faire, parbleu, autant que faire se peut.
Contre l'inertie dynamique - confondre mouvement et mouvement brownien, contre l'homo faber - Je fais donc j'existe, le non-faire est l'acte ultime. Tout monomaniaque tend vers Oblomov.
Thomas Bernhard s'est défini comme l'homme qui n'a pas eu le courage de se suicider. Ses monomaniaques, livrés dans leur cuisant, double échec, dans l'idée fixe et dans la misanthropie, stigmatisent, par leur impotence militante, sa véritable lâcheté: écrire.
To Be Or Not To Be Vs To Do Or Not To Do.
Que faire? Refuser de voir le revers de la médaille.
Titjens, héros de Some Do Not... (Ford Maddox Ford), est l'aristocrate anglais type. Pour le seul crime de prendre le code social à la lettre, son milieu le traite de fou, de saint, d'agent provocateur, de socialiste, d'excentrique: Qui colle à la langue perd sa parole (Saussure).
(P) Pour se démarquer de la foule, ne regarde ni à gauche ni à droite, même sur un sentier battu
- or l'homme louche de nature.
Moi: Que faire?
Lui: Deviens celui que tu es!
Moi: Même un Kafka n'était Kafka que deux heures par jour,
alors moi,
(P) Je ne suis pas tant,
nul ne l'est.
Lui: Deviens celui que tu es!
Moi: Pour être Kafka deux heures par jour il faut être rien le reste du temps, or la nature a horreur du vide.
Lui: Deviens celui que tu es, moins, toujours moins!
(P) Guerre et paix est un grand roman, avec 500 pages en moins il serait parfait.
Moi: Que faire?
Lui: Deviens celui que tu es!
Moi: Plus je vais au fond de moi-même moins je suis seul, en me laissant aller je ne risque pas de me perdre, la spontanéité étant le plus sûr chemin au même.
Lui: Deviens celui que tu es - autre.
Que faire? défier le cerveau avec les armes du cerveau.
On ne peut triompher du cerveau, mais dans ce combat inégal, (S) L'essentiel est de participer.
A la guerre comme à la guerre: le cerveau m'empêche de n'être, de ne faire que "ça", je m'appuierai sur lui pour le contrer - avec le cerveau, il n'y a que de solutions miracles.
Isoler et lier, le cerveau ne fait pour ainsi dire que ça, je jouerai l'un contre l'autre.
Q: Que fait ton père?
R: Il se concentre.
Q: Et le reste du temps?
R: Il lit L'Equipe,
(P) Pas de mirage sans désert.
Deviens celui que tu es - une bonne Gestalt:
(P) Un homme écrit sa légénde et lui court après,
il se donne à son ER, il nourrit la SE,
(P) Le maître de la synecdoque écrira sa légende.
[1]) A comparer avec le film de Don Siegel, The Killers, qui reprend l'intrigue de la nouvelle du même nom là où Hemingway l'a laissée, mais en offrant aux promus protagonistes une certaine épaisseur biographique.